La Reglementation Plastique au Cameroun

May 08, 2018
La protection de l’environnement est un grand défi aujourd’hui pour l’Etat du Cameroun notamment en ce qui concerne les matières plastiques. Le gouvernement Camerounais n’arrive pas à travers ses lois et règlements à mettre en application l’interdiction de l’utilisation des matières plastiques non-biodégradables qui constituent une véritable menace non seulement pour l’environnement du pays mais aussi pour la santé de ses citoyens. 


Peut-être cela est-il dû aux pertes des recettes et d’emplois générés par ce secteur. Il faut en effet signaler que le secteur du plastique au Cameroun (importation, distribution, commercialisation) donne lieu à 10.000 emplois, auxquels il faut joindre 10 milliards de recettes en taxes et douanes. Toutefois, le Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED) a adopté l’arrêté du 24 octobre 2012 entrée en vigueur le 24 avril 2012 portant interdiction d’utilisation des emballages plastiques non-biodégradables de moins de 60 microns au Cameroun.

Le plastique contient des substances dangereuses pour la santé de l’homme notamment le phtalate et le bisphénol A, dont les effets ne sont pas moindres ! Selon l’arrêté n°004/MINEPDED/MINCOMMERCE du 24 octobre 2012 la notion de non-biodégradable est définie comme « l’état d’une matière ou d’un produit qui ne peut être décomposé sous l’action des champignons et des micro-organismes présents dans le milieu ». Les plastiques non-biodégrables prennent ainsi entre 250 et 1000 ans pour se dégrader. Cet état de fait crée un véritable problème. Sur le plan environnemental, le plastique est un facteur d’infertilité du sol, le quel facteur pouvant entrainer la stagnation de l’eau qui favorise la propagation des maladies telles : le choléra, le paludisme, la typhoïde, etc. Les bouteilles plastiques encombrent les canaux hydrauliques, réduisent à néant les efforts de curage de caniveaux. La conséquence logique qui s’en suit n’est autre que des inondations intempestives. Le cas flagrant du Mfoundi qui déborde son lit à chaque grande précipitation le démontre bien, avec ce cumul de bouteilles souvent noté entre l’immeuble SNI et la boulangerie Sélecte, sans publicité aucune. L’environnement est ainsi gravement dégradé sans que les intempéries ne parviennent à détruire ces matières plastiques, causant une pollution permanente des cours d’eau et des coins de rue, entrainant une nuisance (pollution) visuelle, chose qui rend insalubres nos cités. 

Sur le plan sanitaire, les matières plastiques sont une cause d’infertilité. Les substances qu’elles contiennent peuvent être à l’origine des maladies liées à l’appareil génital à travers les perturbateurs endocriniens et aussi de la chute de la qualité du spermatozoïde. Le plastique peut causer le cancer, des malformations, le diabète, les maladies cardiovasculaires, le paludisme (par la rétention/stagnation des eaux de pluie provoquée par les plastiques jetés au sol), les maladies diarrhéiques ainsi que l’intoxication alimentaire par l’utilisation des plastiques dans l’emballage de nos aliments chauds comme cela est devenu usuel aujourd’hui. 

Malheureusement, même la destruction de ces matières plastiques à un effet négatif tant sur l’environnement que sur l’homme. Leur incinération produit des gaz à effet de serre qu’il est impérieux de rapidement réduire, au risque de voir la terre disparaitre à moyen terme. Il faut encore rappeler que les fumées qui résultent de ces incinérations/combustions contiennent un gaz toxique qui s’attaque aux poumons et aux hormones pouvant provoquer cancers et malformations sur l’être humain, l’acidification de l’atmosphère et des oxydations photochimiques sur l’atmosphère, sans oublier la destruction progressive de la couche d’ozone dont le rôle est de ralentir les effets du réchauffement climatique et réduire l’action des rayons ultraviolets sur l’environnement humain. 

Face à la dangerosité des matières plastiques, le gouvernement Camerounais ne devrait pas seulement se contenter de prendre des mesures légales dans l’optique d’interdire leur utilisation, d’autant plus que cela tarde véritablement à s’appliquer. Il devrait prendre des mesures en rapport avec la conjoncture dans ce domaine. Plusieurs solutions sont possibles pour éviter ces conséquences désastreuses : interdire l’importation et la production des matières plastiques, instituer une redevance aux entreprises importatrices (pour le moment que dure l’importation de ces matières) et promouvoir les activités artisanales de fabrication des matériels d’emballages qui pourront être faites par des Camerounais eux même car ils peuvent fabriquer des sacs en tissu, en papier, en bambous de chine et en fibres de raphia. Il pourrait procéder au recyclage et à la réutilisation, consistant en la transformation des matières déjà utilisées pour une réutilisation. Dans le domaine de l’économie circulaire justement, l’on parlera de la fabrication de pistes d’athlétisme, de pavés, etc. à base de matières plastiques recyclées, et bien d’autres actions encore. Une chose est importante pour quelque mesure que ce soit : la sensibilisation des populations sur le sujet. Elle se situe en amont de la chaîne et pourra être suivie de tout ce que l’on sait déjà : la collecte des matières plastiques dans les ménages, les entreprises, les grabats, etc. L’on procèdera ensuite au tri, au traitement, à la réutilisation si nécessaire et à la transformation en matière première secondaire pour la fabrication des éléments précédemment évoqués. Une entreprise locale peut nous servir d’exemple en effet : NAME RECYCLING, basée à Limbé. Le gouvernement pourrait également utiliser le plastique en lieu et place du ciment pour la fabrication des matériaux de construction, ou même aider à construire des usines de transformation des déchets plastiques consistant à produire des vases, des bacs à ordures, voire des modules en plastiques qui peuvent remplacer le sable et le goudron dans la construction des routes au Cameroun.


Ecrit par:





 BARTHELEMY ELOUNA O

 Volontaire de EAC & chercheur en coopération 
 internationale et développement 




et



 ASSIATOU IBRAHIM

 Etudiante & chercheur en
contentieux international, IRIC 







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